Avec
la réforme des retraites, la détestation de Macron et de son
gouvernement s’est encore accrue dans les classes populaires. Ce n’est
que justice, et les derniers forfaits des ministres et députés
macronistes ne vont rien arranger. Vendredi dernier, la ministre
Pénicaud a combattu au Parlement une proposition de loi visant à
prolonger de cinq à douze le nombre de jours de congé pour les parents
venant de perdre un enfant. Le tout, au nom des intérêts des
entreprises. Devant l’indignation générale, et après que même le Medef a
trouvé que c’était un peu gros, le gouvernement a fait machine arrière.
Mais l’épisode montre, s’il en était besoin, que ces gens-là ont un
portefeuille à la place du cœur.
Leur mesquinerie est à l’image de celle des capitalistes qu’ils
servent. Michelin, par exemple, qui ferme une usine à la Roche-sur-Yon
en Vendée, demandait aux 600 salariés qu’elle licencie de rembourser ou
de rendre les pneus auxquels ils avaient droit à prix réduit…. En 2018,
Michelin a fait 1,68 milliard d’euros de profits, soit quelques millions
de pneus. Mais il n’y en a jamais assez pour les actionnaires !
Michelin a aussi dû faire machine arrière, sans doute parce qu’elle a
estimé que cela pouvait lui coûter plus cher en image de marque qu’en
pneus…
On nous parle de baisse du chômage, mais la réalité est que les
capitalistes enchainent les plans de licenciements. Mi-janvier, Auchan
annonçait 517 suppressions d’emplois. Cora menace maintenant 1 077
salariés de licenciement, au motif qu’ils ont refusé un changement de
leur contrat de travail. Cora a déjà supprimé 8 000 emplois en dix ans,
et continue de faire des profits.
Quant au gouvernement, après la réforme des retraites, il prépare
d’autres mesures aussi révoltantes, comme la baisse ou la suppression
des APL pour des centaines de milliers de familles ou l’ouverture des
commerces alimentaires jusqu’à minuit, au mépris de la vie de leurs
salariés.
Tous les jours, gouvernement et patronat alimentent la colère. Alors
que la SNCF se plaint d’avoir perdu de l’argent, elle récompense
financièrement les non-grévistes ! La RATP, quant à elle, sanctionne des
grévistes. Même des lycéens opposés à la réforme du bac se retrouvent
sanctionnés par des proviseurs aux ordres des rectorats.
Les directions peuvent recourir à la répression, les grévistes ne
sont pas vaincus. D’autres secteurs sont en lutte, comme celui des
incinérateurs en Ile-de-France, où une partie du personnel est
réquisitionné. Les avocats et les professions libérales étaient en grève
lundi 3 février. Les hôpitaux le seront de nouveau le 14, afin de
revendiquer les moyens qui leur manquent cruellement pour soigner
correctement les patients. Et ce jeudi 6 février, une nouvelle journée
de grève interprofessionnelle et de manifestations est prévue.
Nombre de politiciens, grands et petits, sont en campagne pour les
élections municipales de mars, à l’exemple d’Édouard Philippe qui espère
se refaire une santé au Havre. Bien des travailleurs voudront utiliser
ces élections pour sanctionner le gouvernement, même si elles ne peuvent
mettre un coup d’arrêt aux attaques contre les classes populaires.
Elles peuvent permettre cependant de s’exprimer clairement contre la
politique du gouvernement et des capitalistes. Il faut faire entendre la
colère qui s’est manifestée ces dernières semaines. C’est dans cette
perspective que Lutte ouvrière présente de nombreuses listes.
Nos candidats ne sont pas des politiciens ou des notables. Ce sont
des ouvriers, des employés, des techniciens, des manutentionnaires, des
membres du personnel hospitalier ou des enseignants. Ils et elles ont
été engagés depuis le 5 décembre dans la mobilisation contre la réforme
des retraites. Ils se présentent pour s’opposer non seulement à Macron,
mais au-delà, au pouvoir sans limite des capitalistes. Ils ne se
présentent pas comme de meilleurs gestionnaires de la commune. Ils
disent que les communes devraient être des points d’appui pour les
luttes des travailleurs. Ils mènent dans ces élections le même combat
que dans les entreprises, dans les grèves et les manifestations.
Cette mobilisation contre la réforme des retraites a été salutaire.
Pour faire reculer le gouvernement, les travailleurs n’ont d’autre choix
que la lutte de classe. Et celle-ci se poursuit. Cette bataille sur les
retraites n’est pas finie. La guerre continue.
Editorial des bulletins d'entreprise du 3/02/2020
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